LETTRE OUVERTE À SAMUEL GONTIER
17 de Outubro de 2013 às 18:10
Monsieur Samuel Gontier,
Vous avez récemment publié dans Télérama.fr
une bien étrange chronique ayant pour titre « Le problème cap-verdien
embrase les plateaux télé »(?). Vous vous êtes longuement attardé sur une
émission télévisée du 30 septembre sur France 2, en faisant sciemment croire à
un prétendu « problème capverdien »… alors que le débat portait sur
les Roms !
Eh ! bien, vouloir faire un
canular de mauvais goût ne vous donne aucunement le droit de faire croire
à un hypothétique « problème capverdien » tout droit sorti de votre
imagination ! Le Ministre de l’Intérieur, Monsieur Valls, n’a jamais déclaré
que « les Capverdiens ont vocation à revenir au Cap-Vert »... ni
pouvait-il tenir de tels propos en parlant des Roms ! De même, pendant
ledit débat télévisé le nom « capverdien » ne fut jamais prononcé.
Pas une seule fois, fût-ce par simple lapsus! Mais vous avez pris un malin
plaisir à remplacer l’ethnonyme « rom » par « capverdien »
dans les dires des six intervenants, en détournant intentionnellement leurs
propos. Comme pour faire croire qu’ils parlaient des… Capverdiens!
Vouliez-vous vraiment faire de
l’humour ? Mais pourquoi donc sur le dos des Capverdiens ? On ne vous
a rien demandé Monsieur Gontier !
Entendons-nous bien : j’ai de
l’empathie pour ces malheureux gitans dont on parle tant: pour leur destin
d’errance, le mépris dont ils souffrent. Aucune communauté ne mérite d’être
ainsi stigmatisée, fût-ce pour un certain mode de vie qui semble déranger plus
d’un. Je m’abstiens cependant de commentaires là-dessus, si ce n’est pour vous
dire que ce mode de vie n’est en rien comparable à celui des Capverdiens, et
qu’un tel amalgame ne saurait être une plaisanterie mais un opprobre !
Voyez-vous, Monsieur Gontier, les
Capverdiens n’ont pas « vocation » à vivre dans des campements de
fortune, pas plus que les Italiens ou les Slovènes ! Ni à mendier dans les
rues de France, ni à être pointés du doigt comme des parias. Ils ont encore
moins « vocation » à faire les frais de votre « humour »
grinçant et plus que douteux !
Alors de grâce, qu’est-ce qui vous a pris
pour prendre les Capverdiens pour des Roms sur un registre aussi
dévalorisant? Avez-vous vraiment voulu faire une farce, un canular ? Mal
vous en a pris ! Car ce n’est vraiment pas drôle, Monsieur Gontier, vous ricanez
tout seul !
Juste faire de l’audimat ? Vous êtes
dans votre rôle, certes, mais quelle maladresse Monsieur Gontier! Vous n’aviez
pas le droit d’emprunter, de manière abusive et à si mauvais escient, le
toponyme « Cap-Vert » pour disqualifier les Capverdiens vivant en
France ! Si seulement vous aviez écrit « capverdien » entre
guillemets pour faire passer votre facétie de mauvais goût… Comment le scribe
que vous êtes a-t-il pu faire table rase de cette simple précaution
d’usage ? Comment pouvait-il ignorer les effets néfastes d’un tel
oubli ? si vous avez voulu semer le trouble et la confusion dans les
esprits, eh! bien, c’est fait!
Ne jouez pas ainsi, Monsieur Gontier, de
votre « humour » machiavélique et captieux, prenez-en garde car il
risque de vous jouer des tours ! Quand vous faites semblant de vous
emmêler les pinceaux pour dépeindre un « problème Rom » en le faisant
passer en douce pour un soi-disant « problème capverdien », on peut
bien se demander ce qui vous anime : qu’avez-vous donc contre les
Capverdiens ?
Je ne suis pas seul à ne pas vouloir passer
sous silence votre tentative insidieuse de « romisation » des
Capverdiens et à vous demander de vous en excuser. À défaut, ne soyez pas
étonné si un procès en justice était intenté à votre encontre. Puis-je vous signaler,
au passage, qu’il y a une Ambassade du Cap-Vert en France, que j’ai d’ailleurs
l’honneur de représenter, et nous avons, tenez-vous bien, des avocats pour
cela !
Pourtant vous n’avez pas tout à fait tort:
les Capverdiens ont en effet « vocation à revenir au Cap-Vert »… mais
pour bien d’autres raisons que celles que vous évoquez ! Cette
« vocation à revenir », ils la partagent avec bien de nos amis
étrangers, celles et ceux qui se sont épris du Cap-Vert pour l’accueil et
l’hospitalité qu’ils y ont trouvés. Pour notre « mode de vie »,
voyez-vous !
Vous avez le droit de me trouver
« suspect », capverdien que je suis, pour parler de mon pays – je
vous l’accorde ! Allez donc demander à ceux qui ont posé leurs valises
dans nos îles de « morabeza », aux retraités et autres séniors qui se
sont découverts une nouvelle jeunesse en adoptant allègrement notre « mode
de vie » !
Et si jamais vous n’en êtes pas convaincu,
je vous invite à venir vérifier de vos propres yeux en quoi notre façon de
vivre est « extrêmement différent » du vôtre ! Vous y êtes le
bienvenu, les Capverdiens ne sont pas rancuniers !
Monsieur Gontier : la terre nous ayant
souvent refusé le pain de chaque jour, depuis la nuit des temps les Capverdiens
ont « vocation » à s’expatrier. Jamais pour faire la manche, ou la
poche des gens (comme ne le font pas tous les roms), mais bien pour
travailler ! De même, je ne vous apprends rien en vous disant que les
Capverdiens ont surtout « vocation » à recevoir. L’hospitalité est
bien ancrée dans notre histoire faite de métissage des gens et des cultures à
la croisée des chemins. Ce n’est pas en nous expatriant que nous avons connu
les Français, Anglais, Castillans, Génois et autres Flamands… mais en les
recevant chez nous, le plus souvent pour affaires.
Quand nous partons pour le Sénégal ou la
Guinée, la France, l’Espagne ou le Portugal, nous suivons, pour ainsi dire, le
chemin de nos ancêtres… dans le sens inverse! Nous cherchons à élargir notre
cosmovision de la vie pour mieux débroussailler les chemins de notre destin.
Bien sûr, il n’y a pas que des bons
Capverdiens en France, comme il n’y a pas que des bons Français au Cap-Vert.
Ceux qui ont déshonorés nos valeurs et nos principes, eh ! bien nous n’en
sommes pas fiers, et que la justice fasse son travail.
Oui Monsieur Gontier, les Capverdiens ont
« vocation » à faire parler d’eux ! Surtout pas comme un
« problème » mais pour leur « mode de vie », leur musique
qui séduit plus d’un. Ils ont « vocation » à faire parler d’eux car
ce sont des gens laborieux et dignes qui ont bâti une nation en partant de
rien, pour être aujourd’hui un pays à revenu moyen, même sans pétrole ni
diamants ! Ne vous en déplaise, une « petite » nation qui bat
des colosses à la Coupe d’Afrique des Nations, et qui court à la Coupe du Monde,
forcément, ça parle !
David Leite
Attaché culturel à l’Ambassade du Cap-Vert
en France
Texto remetido por
Valdemar Pereira
O texto foi escrito por David Leite, Adido Cultural junto da Embaixada de Cabo Verde em Paris.
ResponderEliminarÓ Valdemar, mas é esse o nome que está no final do texto, amigo!
ResponderEliminarBraça...